L’animal un corps, un esprit… une âme ?
En Europe, notre relation à l’animal a changé de manière considérable en un demi-siècle. La science cartésienne l’a d’abord étudié tel un corps, un ensemble d’organes, un être ayant des besoins physiologiques. Mais aujourd’hui, elle lui reconnait aussi un esprit.
Les sciences du bien-être animal et les neurosciences confirment en effet que l’animal est capable de ressentir des émotions, qu’il a aussi des besoins comportementaux et une vie sociale.
C’est un être vivant sensible (Traité de Lisbonne, 2009) auquel on reconnait une conscience (Déclaration de Cambridge, 2012)
Que ce soit en médecine vétérinaire ou en médecine humaine, la notion de santé n’est plus exclusivement liée au physique.
Toutes ces nouvelles considérations, et notamment la capacité qu’a l’animal a éprouver une souffrance tant physique que mentale, nous amènent à repenser sa place dans notre société.
Par conséquent, dans le cadre de l’utilisation de l’animal par l’homme, quels deviennent alors les devoirs de la société envers lui ? Doit-on aller notamment jusqu’à lui donner des droits ? Ce sont des questions auxquelles l’éthique animale se propose de réfléchir.
Dans ce cadre, S.E.N.S collabore avec la Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège principalement avec le Docteur Marc Vandenheede pour élaborer le projet Anicare financé par Erasmus +.
Derrière les débats menés autour de l’éthique animale, c’est notre rapport au vivant dans sa globalité que nous repensons. La vison que la nature est au service d’une humanité toute puissante s’étiole.
Je suis de ceux qui pensent que l’approche cartésienne occidentale est révolue et que nous devons nous inspirer de la nature elle-même, de ce qu’elle nous apprend en terme d’équilibre, de collaboration et d’échange.
La compassion ne devrait pas connaître de frontières. Réclamer la fin des traitements barbares infligés aux chiens, aux bébés phoques et aux baleines ne signifie pas que l’on puisse tolérer les tueries en masse des cochons, des vaches et des poulets. Les êtres humains tuent six millions d’animaux terrestres et 120 millions d’animaux marins toutes les heures pour leurs soi-disant « besoins ». Cela fait beaucoup d’animaux et de tueries. En fait, cela représente chaque semaine plus de victimes que toutes celles que les guerres humaines ont provoquées au cours de l’histoire.
Il est temps de faire un pas en avant vers la civilisation et d’étendre notre compassion aux huit millions d’espèces qui sont aussi nos concitoyens sur cette planète.
En définitive, que ce soit en parlant au nom de la protection des animaux avec qui nous partageons nos vies ou au nom des écosystèmes qui soutiennent toute vie sur terre, les deux écoles demandent, chacune à sa façon, que nous reconsidérions de façon critique la croyance selon laquelle l’humanité est au centre du monde.
La bienveillance, l’amour altruiste et la compassion sont des qualités incompatibles avec le parti-pris. Délimiter le champ de notre compassion à certains êtres seulement, en l’occurrence les humains, restreint celle-ci quantitativement mais aussi qualitativement et l’appauvrit.
« Il reste sans aucun doute beaucoup à faire, mais il est indéniable que le monde occidental prend de plus en plus conscience qu’il lui est impossible de défendre haut et fort des valeurs morales décentes et cohérentes tout en excluant du champ éthique la majorité des êtres sensibles peuplant cette planète. » (Mathieu Ricard)