La recherche du cadre
Le chat intervient dans mes ateliers et séances autour de la Pleine Conscience depuis la recherche que j’ai réalisée à l’ULG (voir onglet « coaching et thérapie assistée par l’animal »).
Ce que j’ai souhaité, c’est créer un cadre dans l’espace et le temps qui soit bienveillant et sécurisant autant pour l’homme que pour l’animal. Un cadre qui permet à chacun de s’exprimer dans un « état de moindre tension » propice à l’apprentissage (Barrey, Lazier).
La pleine conscience et le chat
La pleine conscience crée le climat propice à l’apprentissage de l’empathie. Elle invite à sortir du jugement, de la dualité, de la peur de l’autre. Elle facilite ici la rencontre et permet de développer la créativité dans cette relation. La pleine conscience s’appuie sur sept attitudes du pratiquant : le non-jugement, la patience, l’esprit du débutant, la confiance, le non-effort, l’acceptation et le laisser-être (Kotsou, Heeren, 2011). Les valeurs qu’elle véhicule facilitent l’accès au langage socratique au niveau de l’individu et dans le groupe ; l’un influençant l’autre à travers les temps de partage de parole ou d’écriture. En agissant sur la qualité de la présence de la personne à ce qu’elle vit dans son interaction avec l’animal, elle lui facilite l’accès à ses sensations, ressentis corporels, pensées. Je suis sorti des séances « classiques en proposant des méditations guidées ou des rêves éveillés. Ces méditations donnent accès à un « lâcher prise » du mental au profit de l’intuition, du corporel. Elles ont contribué à équilibrer le processus d’apprentissage entre le corps et l’esprit. Elles ont apportés des résolutions pour les personnes, des solutions venant directement des personnes vivant la rencontre, l’expérience féline.
Le choix du chat… mon partenaire
J’ai choisi le chat parce que ce que je connais de lui m’invite intuitivement à la méditation. En outre, d’un point de vue pratique, il vit sur les lieux où se déroulent mes ateliers. Il se prête mieux que le cheval par exemple aux séances se déroulant à l’intérieur.
Il est à la fois initiateur, source d’inspiration et d’apprentissage et moyen de projection. De par ce qu’il est, ce qu’il représente, son histoire, peut être initiateur d’émotions, de ressentis, d’imaginaire. Par projection, par identification, il amène les personnes vers une attitude réflexive et devient une source d’apprentissage et d’inspiration. Enfin, je lui laisse la place, l’initiative, autant que ma disponibilité me le permet. C’est réellement un partenaire.
Le galop d’essai
En mars 2016, lors de la dernière séance du cycle de pleine conscience que je partageais à Battice chez mon amie Joelle Parotte, j’ai décidé d’organiser une soirée avec les chats. Mon objectif était d’évaluer la pertinence, la faisabilité et les perspectives de ce type de méditation dans le cadre d’un travail de recherche.
La proposition était de permettre aux personnes ayant déjà vécu sept semaines de méditation, de rencontrer des être sensibles différents de nous dans l’esprit de la pleine conscience. Mon but était déjà d’ouvrir les participants à l’empathie.
Cette séance m’inspire ces mots le 24/03/2016 : « Pleine conscience … enfin libre – séance 8 – l’expérience ! Les chats et la pleine conscience … Entrer en relation avec un être sensible, différent de nous. Maintenir le contact avec notre ressenti tout en restant libre et ne pas s’y perdre. Marquer un temps pour choisir sa réponse et voire ce que ça nous fait de ne pas se précipiter dans la rencontre. Puis la rencontre … dans le respect … L’exercice, l’expérience d’entrer en relation dans l’esprit de la pleine conscience avec les animaux c’est développer la qualité de son attention mais aussi sa sensibilité sensorielle et émotionnelle. Merci pour votre confiance ! ».
Les premiers signes m’encouragent à poursuivre l’expérience. L’approche me semble pertinente car génératrice de points d’accroches permettant un dialogue socratique (Kotsou, Heeren, 2011). Le projet m’ouvre des perspectives pour mon travail de fin de formation en terme d’apprentissage à l’empathie.
Fin juin 2016, mon projet de recherche était accepté par la faculté.
Les séances proprement-dites
Le programme de chaque séance est bâti pour me permettre de rester disponible à chaque intervenant et de laisser la place à ce qui doit se jouer dans la relation homme/animal. C’est pourquoi, contrairement au cycle de pleine conscience qui se déroule sans les chats, aucune notion théorique n’est dispensée, aucune méditation n’est préparée à l’avance, ni lue. Le fil conducteur d’une séance est le suivant : deux ou trois temps de méditations entrecoupés de deux temps d’écriture et de deux ou trois temps de partage (cercle de parole).
Mes partenaires
Les chats sont de la race « Sacré de Birmanie » issus de l’élevage de mon épouse « Les Birmans d’Arakan ». En moyenne, six à sept chats sont présent à chaque séance. Ainsi, le nombre d’animaux équivaut, chaque fois, au nombre d’humains. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes animaux qui participent à chaque séance. En effet, je ne laisse participer les animaux manifestant des signes « clairs » signifiant leur indisponibilité à la rencontre avec l’homme.
Témoignages
23/09/ 2016
Lorsque les humains rencontrent les félins dans un espace de Pleine Conscience … Chacun dans son propre monde sensoriel, ils sont un peu des extraterrestres l’un pour l’autre … et pourtant la rencontre à lieu sur une terre au milieu des deux êtres … Le malentendu est bien là c’est indéniable mais la rencontre se fait. Nous sommes les acteurs et spectateurs de ces découvertes… D’heureux aventuriers du nouveau monde partant à la découverte de la voie du coeur. Merci aux aventuriers qui m’accompagnent.
07/10/2016
Feelings and félins … les hommes rencontrent les chats autrement … en Pleine Conscience. Laisser d’abord chacun prendre sa place, s’installer dans l’espace et le temps … regards échangés, observation de l’autre dans sa différence … approche respectueuse et bienveillante … Laisser venir le moment où l’action a sa place… ni trop tôt, ni trop tard … sans forcer, sans retenir. Se rencontrer peau contre poil, poil contre peau … expérimenter le toucher par la présence … douceur, fluidité, chaleur partagée. Retrouver la liberté dans le mouvement ou dans le geste et s’émerveiller de la perfection de la nature, de notre nature. Enfin, se connecter l’un à l’autre, conscients de ce qui nous sépare mais unis par ce qui nous rapproche … collaborant dans cette brève intersection temporelle et spatiale … la rencontre de deux êtres sensibles différents…
Catherine
Entrer dans la mindfullness avec les chats, une autre aventure. Découverte de soi avec et au travers de l animal. Révélateur…
Rencontrer notre animalité
L’animal est ici, non seulement générateur du care (néoténie) mais aussi le représentant de l’animalité. C’est le lien biologique, émotionnel et ontologique qui nous relie aux animaux, sorte de prolongement de notre corps et de notre psyché (Egger, 2015). Cette animalité, c’est la partie instinctive que nous reconnaissons en tout être vivant, donc en nous (Michel 2016 intitulé). Ces pulsions qui constituent nos liens psychiques avec nos plus proches parents, les autres membres du règne animal (Searles, 1984). En entrant en relation avec le chat, la personne se relie à la vie en général. C’est ce qui permet au personnes de rentrer en contact avec leur corps dans la méditation.
Le chat facilitateur, initiateur, source d’inspiration
Même si de lui-même, l’animal n’est ni magique, ni thérapeute, mes recherches montrent montre que la présence des chats en séance de méditation s’exprime à des niveaux différents:
Facilitateur : Le chat facilite l’accès physique et psychique à la méditation. Cela va de la motivation à s’inscrire aux séances jusqu’à aider l’accès au calme pendant les méditations ou surmonter ses peurs, face au partage en groupe ou encore donner accès à des émotions nouvelles.
Initiateur : Le chat initie, stimule des ressentis corporels, des sensations, des émotions, des tendances à l’action, des évocations, du symbolique imaginaire, la métaphore, éveille les sens. Il stimule la parole comme le fait remarquer le Dr Albert Demaret (Servais, 2016).
Source d’inspiration et d’apprentissage : le fait d’observer les chats dans l’instant, dans le présent ; son ancrage dans l’ici et maintenant, sa faculté d’être à l’écoute de soi et de son environnement, sa faculté de ne pas juger, la manière dont il peut se laisser traverser par l’émotion et de retrouver le calme l’instant suivant, son caractère à la fois indépendant et dépendant.
Le chat « éducateur » à l’empathie et…
Le chat agit aussi indirectement pour débloquer ce qui freine l’éducation à l’empathie. C’est à dire tout ce qui va faire échouer la rencontre ; comme tout ce qui rapproche de la fusion ou de la séparation (Searles). Au niveau de l’individu, on peut citer le manque de confiance en soi, une motivation ego ou socio-centrée. Par rapport au groupe d’appartenance, on trouve la loyauté, la conformité aux normes et valeurs définies par le groupe, l’autorité et le jugement et la compartimentation des aspects relationnels et productifs. Dans le cadre de l’empathie avec l’animal, on remarque la non conscience à la douleur, la peur de l’attachement, l’anthropomorphisme naïf, la flexibilité de la conception de l’animal.
